Tchad, Des opposants et défenseurs des droits humains sont empêchés de manifester

L’interdiction de manifestations et les arrestations arbitraires d’opposants et de membres de la société civile opérée le week-end dernier au Tchad envoient un mauvais signal à trois mois de l’élection présidentielle, pour les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique.

Alors qu’un appel à manifestation avait été lancé par une plateforme regroupant plusieurs organisations de défense des droits humains, des organisations de la société civile et des partis politiques pour le 6 février 2021, les autorités ont publié le 4 février un arrêté d’interdiction de ladite manifestation dans tout le pays, au motif de troubles à l’ordre public.

Hier, au moins quatorze personnes arrêtées le 6 février pour avoir manifesté ont été inculpées pour « coups et blessures volontaires, trouble à l’ordre public et destruction de biens de l’Etat » et placées sous mandat de dépôt à N’Djamena la capitale. Une trentaine d’autres ont été condamnées à des peines allant de deux à trois mois de prison ferme à Moundou, au Sud du pays, pour avoir également voulu exercer leurs droits. Certaines avaient été arrêtées le 4 février 2021 car elles participaient à une réunion préparatoire.

« Depuis trois mois, les autorités tchadiennes ont plusieurs fois interdit la tenue de manifestations sur le territoire entier. Ces interdictions sont des restrictions non nécessaires et disproportionnées du droit à la liberté de réunion pacifique. Les autorités continuent également les arrestations arbitraires, » a déclaré Abdoulaye Diarra, chercheur sur l’Afrique centrale à Amnesty International.

« Tout cela confirme un rétrécissement de l’espace civique au Tchad à l’approche des élections, alors que la Constitution tchadienne et le droit international garantissent à chaque personne la liberté d’association et de manifestation. Les autorités doivent abandonner les charges et libérer toutes les personnes arrêtées uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion à N’Djaména et ailleurs dans le pays. »

Selon les informations recueillies par Amnesty International, à N’Djamena, la manifestation du 6 février a été dispersée par la police qui a tiré des grenades lacrymogènes pour disperser la foule qui commençait à se former.

« Tout cela confirme un rétrécissement de l’espace civique au Tchad à l’approche des élections, alors que la Constitution tchadienne et le droit international garantissent à chaque personne la liberté d’association et de manifestation. Les autorités doivent abandonner les charges et libérer toutes les personnes arrêtées uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion à N’Djaména et ailleurs dans le pays. »

Certains manifestants dont le président du parti d’opposition les Transformateurs, se sont réfugiés dans le périmètre de sécurité de l’ambassade des Etats-Unis quand la police a commencé à tirer des gaz lacrymogènes.

En novembre et décembre derniers, Amnesty International avait attiré l’attention des autorités tchadiennes sur la recrudescence des atteintes à la liberté d’expression et la liberté de réunion pacifique, dénoncé les mesures restrictives imposées à des partis politiques d’opposition par une unité d’élite de la police, et appelé à y mettre un terme.

Article original: https://www.amnesty.be/infos/actualites/article/tchad-opposants-defenseurs-droits-humains-empeches-manifester